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le peuple du pôle

Autant que nous pûmes en juger tout d’abord, — car nos yeux avaient peine à faire leur besogne dans cette clarté à laquelle ils n’étaient pas accoutumés, — ces plantes devaient appartenir à différentes espèces de fougères et de cactus et ne pas s’élever à plus d’un mètre au-dessus du sol. Celui-ci s’était couvert d’un gazon court et dru, et à perte de vue s’étalait sans nul accident au devant de nous. Le paysage n’avait véritablement plus rien de terrestre. Ce fut bien pire lorsque, soudain, le manteau de brume qui couvrait l’horizon se déchira et que le soleil du Pôle apparut au bout de la plaine, immense et pareil à un bouclier de métal dépoli : le pouvoir du maître de la Terre semblait ici annihilé par celui de la singulière force lumineuse qui avait envahi le ciel ; nul rayon n’émanait de lui, et il était dans la clarté violette comme un ver luisant sous l’éclat d’une lampe à arc.

Alors pour la première fois nous entendîmes auprès de nous le bruit de l’air fouetté par une aile invisible ; puis une petite ombre passa tout près de nous avec un cri strident et se heurta contre la toiture de la cabine ; nos regards essayèrent de la poursuivre, mais en une seconde la chose avait déjà disparu.

— C’est affreux ! sanglota Ceintras.