Page:Charles Dumas - L’Ombre et les Proies, 1906.djvu/205

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Nulle, du haut en bas toute pleine d’étoiles,
Et toi, ma bien-aimée, en écoutant la voix
Du temps qui se retire et du flux qui décroît,
En contemplant — déjà ! — l’enivrante marée
— Ciel ou mer — fuir aux plis d’une traîne azurée
Et découvrir la grève et la laisser derrière
Brune et brillante avec des astres en poussière :
« Mon cher petit, soupirais-tu, mon bien-aimé,
Je voudrais t’emporter, je voudrais t’enfermer,
Qu’on s’en aille là-bas... ne jamais revenir,
T’avoir, moi seule, et dormir avec toi, dormir !... »
Tu n’étais plus, pauvre petite, à ce moment,
Qu’un grand sommeil charmant le corps de ton amant,
Tu n’étais plus sur tout mon corps et sur mon cœur
Que le sommeil, le poids, le corps de la Douleur,
Murmurant comme quand on s’en va : « Mon ami... »
Inerte, les cils lourds, les yeux clos à demi,
Renversée, espérant peut-être que les vagues
— Mer ou ciel — reflueraient et sur nos formes vagues
Glisseraient insensiblement, puis brusquement
Un couvercle de cristal pur clouté d’argent,