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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

cette contradiction étrange, si tu veux, mais c’est parce que tu n’en comprends pas les causes.

— J’avoue que non.

— Écoute bien. Un jour ma mère m’a dit : « Tu vas te marier ». J’avais dix-sept ans, j’ignorais la vie, on me présenta à M. de B…, il me parut charmant, il l’est en effet. Je l’épousai.

— Eh bien ! tu étais heureuse ?

— Je le croyais, Ernest m’a fait revenir de mon erreur, voici comment : Dès les premiers mois de mon mariage, mon mari était sans cesse auprès de moi, c’était un roucoulement perpétuel. Un jour, il s’absenta un instant, le lendemain un peu plus longtemps, peu à peu il reprit ses habitudes : le bois, les courses, le cercle ; je ne le voyais plus que très rarement. Ernest, son ami, me tenait compagnie. Un soir, assis tous deux, côte à côte, sur la chaise longue, il me lisait un livre incandescent ; le livre tomba de ses mains, il se baissa pour le ramasser, je fis le même mouvement, sa bouche rencontra mon cou, je ressentis comme une sensation de brûlure étrange, mon sang courait dans mes veines, brûlant avec une intensité qui me donnait un frisson inconnu ; j’étais comme anéantie ; ses lèvres rencontrèrent les siennes, ce fut le comble. Cinq minutes plus tard, je savais ce que devait être le mariage.