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LES FLAGELLANTS

— Mais tu ne pensais donc pas à ton mari ?

— J’avais bien assez de songer à moi-même.

— Mais, après, tu as eu des remords, au moins ?

— Oui ; pour les apaiser,j’ai recommencé.

— Alors, te voilà avec deux hommes ?

— Absolument, mais ils sont si différents l’un de l’autre qu’ils se complètent et que c’est comme si je n’en avais qu’un seul ; mon mari est respectueux, observateur strict des lois du mariage, il n’avait jamais touché la corde sensible ; Ernest, au contraire, m’a appris ce que c’était que l’amour. Ah ! si une femme savait, qu’elle puisse dire à son mari : « Sois mon amant », jamais une femme ne le tromperait.

— Ton mari ne s’aperçoit pas du changement qui s’est opéré en toi ?

— Non, au contraire, quand je l’amène doucement par une stratégie savante, à satisfaire mes sens si longtemps endormis, comme le fait Ernest, il prend cela pour de l’amour pour lui et comme l’homme est profondément égoïste et vaniteux, il est à mille lieues de soupçonner la vérité.

— Mais quand tu sors des bras d’Ernest pour tomber dans ceux de ton mari, la rougeur ne te monte-t-elle pas au visage ?

— Les premiers jours, oui, il me semblait que tout le monde me regardait, qu’on chuchotait en