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LES FLAGELLANTS

gnie d’un ami devant un guéridon. Vis-à-vis d’une grande glace, devant moi, deux femmes étaient assises à un guéridon voisin ; elles dégustaient lentement, en connaisseuses, une bouteille de champagne frappé. De ma place, je ne pouvais voir leur visage, mais dans la glace je pouvais admirer à mon aise leurs magnifiques épaules.

Toutes deux étaient grandes, chaussées de souliers de satin blanc, la jambe moulée dans un bas de soie marron à coins brodés, vêtues de deux robes à peu près semblables en satin blanc, broché de fleurettes multicolores. Les robes étaient à traîne ; le corsage, largement échancré, laissait voir une poitrine appétissante ; il ne tenait aux épaules que par miracle, laissant voir des bras nus, avec une petite fossette au coude ; leurs mains étaient fines et potelées. De près, en plongeant dans le corsage indiscret, on aurait pu voir la chute des reins. Pas de bijoux,un simple ruban de velours noir qui tranchait sur la blancheur de la peau. Elles étaient coiffées pareillement, à la Marie-Antoinette, avec trois plumes blanches qui formaient panache et retombaient gracieusement sur leurs merveilleux cheveux noirs, plus noirs que l’ébène.

Comme le matin approchait, je me hasardai à leur offrir à souper à un restaurant voisin alors en grande réputation.