Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le cueur. — Dittes vous vray ? Sans me moquer !
L’amant. — Ouil, je vous le certiffie,
                Et dit que c’est pour vous véoir.
Le cueur. — Amour humblement j’en mercie
                Qui loyaument fait son devoir.
L’amant. — Que pourroit plus faire la belle
                Que de tant pour vous se pener ?
Le cueur. — Loyaulté soustient ma querelle,
                Qui lui fait faire sans doubter.
L’amant. — Pensez doncques de bien l’amer.
Le cueur. — Si feray je toute ma vie,
                Sans changier, de tout mon povoir.
L’amant. — Bien doit estre dame cherie,
                Qui loyaument fait son devoir.


BALLADE XXXIV.

     Mon cueur, ouvrez l’uis de Pensée,
Et recevez un doulx présent
Que la tresloyaument amée
Vous envoye nouvellement,
Et vous tenez joyeusement ;
Car, bien devez avoir liesse.
Quant la trouvez sans changement
Tousjours tresloyalle maistresse.
     Bien devez prisier la journée
Que fustes sien premierement ;
Car sa grace vous a donnée,
Sans faintise, tresloyaument ;
Vous le povez veoir clerement,
Car elle vous tient sa promesse,
Soy monstrant vers vous fermement
Tousjours tresloyalle maistresse.