Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/107

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Des yeulx de Joyeuse Plaisance ;
Il s’y esbat pour temps passer,
En attendant Bonne Espérance.
     Advis m’est, chascune journée
Que m’y mire, qu’en vérité
Toute doleur si m’est ostée ;
Pource, de bonne voulenté,
Par le conseil de Leauté,
Mettre le vueil et enfermer
Ou coffre de ma souvenance,
Pour plus seurement le garder,
En attendant Bonne Espérance.


BALLADE XXXVI.

     Je ne vous puis ne sçay amer,
Ma Dame, tant que je vouldroye ;
Car escript m’avez pour m’oster
Ennuy qui trop fort me guerroye :
« Mon seul amy, mon bien, ma joye,
« Cellui que sur tous amer veulx,
« Je vous pry que soyez joyeux
« En espérant que brief vous voye. »
     Je sens ces motz mon cueur percer
Si doulcement que ne sauroye
Le confort, au vray, vous mander
Que vostre message m’envoye.
Car vous dictes que querez voye
De venir vers moy ; se m’aid Dieux,
Demander ne vouldroye mieulx,
En espérant que brief vous voye.
     Et quant il vous plaist souhaidier
D’estre emprès moy, où que je soye,