Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Par Dieu, nompareille sans per,
C’est trop fait, se dit l’osoye.
Se suis ge qui plus le devroye
Souhaidier de cueur tressoingneux,
C’est ce dont tant suis desireux,
En espérant que brief vous voye.


BALLADE XXXVII.

     L’autr’ier alay mon cueur veoir,
Pour savoir comment se portoit ;
Si trouvay avec lui Espoir
Qui doulcement le confortoit
Et ces parolles lui disoit :
Cueur, tenez vous joieusement,
Je vous fais loyalle promesse
Que je vous garde seurement
Tresor d’amoureuse richesse.
     Car je vous fais, pour vray, savoir
Que la plus tresbelle qui soit
Vous ayme de loyal vouloir ;
Et voulentiers pour vous feroit
Tout ce qu’elle faire pourroit ;
Et vous mande que vrayement,
Maugré Dangier et sa rudesse
Departir vous veult largement
Tresor d’amoureuse richesse.
     Alors mon cueur, pour dire voir,
De joye souvent soupiroit,
Et, combien qu’il portast le noir,
Toutesfoiz pour lors oublioit
Toute la doleur qu’il avoit,
Pensant de recouvrer briefment