Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/111

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Pour ma maistresse souveraine.
     Helas ! la verray je jamais ?
Qu’en dittes vous, tresdoulx Penser ?
Espoir m’a promis ouil, mais
Trop long temps me fait endurer ;
Et, quant je lui viens demander
Secours à mon besoing, il dort.
Ainsi suis chascune sepmaine
En maint ennuy, sans reconfort,
Pour ma maistresse souveraine.
     Je ne puis demourer en paix,
Fortune ne m’y veult laissier ;
Au fort, à présent je me tais
Et vueil laisser le temps passer.
Pensant d’avoir, au par aler.
Par Léauté où mon ressort
J’ay mis, de Plaisance l’estraine,
En guerdon des maulx qu’ay à tort
Pour ma maistresse souveraine.


BALLADE XL.

     Fortune, vueilliez moy laissier
En paix, une fois, je vous prie ;
Trop longuement, à vray compter,
Avés eu sur moy seigneurie.
Tousjours faittes la rencherie
Vers moy et ne voulez ouir
Les maulx que m’avez fait souffrir,
Il a jà plusieurs ans passez ;
Doy je tousjours ainsi languir ?
Helas ! et n’est ce pas assés ?
     Plus ne puis en ce point durer ;