Aller au contenu

Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

     Las ! j’ay veu May joyeux et gay
Et si plaisant à toute gent
Que raconter au long ne sçay
Le plaisir et esbatement
Qu’avoit en son commandement ;
Car Amour, en son abbaye,
Le tenoit chief de son couvent,
Ou temps qu’ay congneu en ma vie.


ENVOI

     Le temps va je ne sçay comment,
Dieu l’amende prouchainement !
Car Plaisance s’est endormie
Qui souloit vivre lyement,
Ou temps qu’ay congneu en ma vie.


BALLADE LIV.

     Pour Dieu, gardez bien Souvenir
Enclos dedens vostre pensée,
Ne le laissiez dehors yssir,
Belle tresloyaument amée.
Faittes que chascune journée
Vous ramentoive bien souvent
La maniere quoy et comment,
Jà pieçà, me feistes promesse,
Quant vous retins premierement
Ma Dame, ma seule maistresse.
     Vous savez que, par Franc Desir
Et Loyal Amour conseillée.
Me deistes que, sans departir,
De m’amer estiés fermée,
Tant comme j’auroye durée.