Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/129

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ENVOI

     Se je puis véoir seurement
Que m’amés tousjours loyaument.
Content suis de passer destresse
En vous servant joyeusement.
Ma Dame, ma seule maistresse.


BALLADE LV.

     Helas ! helas ! qui a laissié entrer
Devers mon cueur Doloreuse Nouvelle ?
Conté lui a plainement, sans celer,
Que sa Dame, la tresplaisant et belle,
Qu’il a long temps tresloyaument servie.
Est à présent en griefve maladie ;
Dont il est cheu en desespoir si fort
Qu’il souhaide piteusement la mort
Et dit qu’il est ennuyé de sa vie.
     Je suis alé pour le réconforter.
En lui priant qu’il n’ait nul soussy d’elle,
Car, se Dieu plaist, il orra brief conter
Que ce n’est pas maladie mortelle,
Et que sera prochainement guerie.
Mais ne lui chault de chose que lui die,
Ainçois en pleurs a tousjours son ressort
Par Tristesse qui asprement le mort.
Et dit qu’il est ennuyé de sa vie.
     Quant je lui dy qu’il ne se doit doubter,
Car Fortune n’est pas si trescruelle,
Qu’elle voulsist hors de ce monde oster
Celle qui est des princesses l’estoille,
Qui partout luist des biens dont est garnie ;