Aller au contenu

Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il me respond qu’il est foul qui se fie
En Fortune qui a fait à maint tort.
Ainsi ne voult recevoir reconfort
Et dit qu’il est ennuyé de sa vie.


ENVOI

     Dieu tout puissant, par vostre courtoisie
Guérissez la, ou mon cueur vous supplie
Que vous souffrez que la mort son effort
Face sur lui, car il en est d’accort
Et dit qu’il est ennuyé de sa vie.


BALLADE LVI.

     Sitost que l’autre jour j’ouy
Que ma souveraine sans per
Estoit guerie, Dieu mercy,
Je m’en alay sans point tarder
Vers mon cueur pour le lui conter ;
Mais certes tant le desiroit,
Qu’à paine croire le povoit,
Pour la grant amour qu’a en elle,
Et souvent apar soy disoit :
Saint Gabriel, bonne nouvelle !
     Je lui dis : mon cueur, je vous pry,
Ne vueilliez croire ne penser
Que moy, qui vous suy vray amy.
Vous vueille mensonges trouver,
Pour en vain vous reconforter.
Car, trop mieulx taire me vaudroit.
Que le dire se vray n’estoit ;
Mais la verité si est telle.