Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/132

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Je pry à Dieu qu’il te maudie,
Faulse Mort, plaine de rudesse !
Se prise l’eusses en vieillesse,
Ce ne fust pas si grant rigueur ;
Mais prise l’as hastivement,
Et m’as laissié piteusement
En paine, soussi et doleur.
     Las ! je suis seul, sans compaignie !
Adieu ma Dame, ma liesse !
Or est nostre amour departie.
Non pour tant, je vous fais promesse
Que de prieres, à largesse,
Morte vous serviray de cueur,
Sans oublier aucunement ;
Et vous regretteray souvent
En paine, soussi et doleur.


ENVOI

     Dieu, sur tout souverain Seigneur,
Ordonnez, par grâce et doulceur.
De l’ame d’elle, tellement
Qu’elle ne soit pas longuement
En paine, soussi et doleur.


BALLADE LVIII.

     J’ay aux eschés joué devant Amours,
Pour passer temps, avecques faulx Dangier,
Et eurement me suy gardé tousjours.
Sans riens perdre jusques au derrenier
Que Fortune lui est venu aidier.
Et par meschief, que maudite soit elle !