Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/134

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La coustume que j’ay usée,
Et pour à toutes gens monstrer
Que pas n’ay ma Dame oubliée,
De messes je l’ay estrenée ;
Car ce me seroit trop de blasme
De l’oublier ceste journée,
Je pry à Dieu qu’il en ait l’ame.
     Tellement lui puist prouffiter
Ma prière que confortée
Soit son ame, sans point tarder,
Et de ses bienfais guerdonnée
En Paradis et couronnée
Comme la plus loyalle Dame
Qu’en son vivant j’aye trouvée ;
Je pry à Dieu qu’il en ait l’ame.


ENVOI

     Quant je pense à la renommée
Des grans biens dont estoit parée,
Mon povre cueur de dueil se pasme ;
De lui souvent est regrettée,
Je pry à Dieu qu’il en ait l’ame.


BALLADE LX.

     Quant Souvenir me ramentoit
La grant beauté dont estoit plaine,
Celle que mon cueur appeloit
Sa seule Dame souveraine,
De tous biens la vraye fontaine,
Qui est morte nouvellement.
Je dy, en pleurant tendrement :