Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/135

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Ce monde n’est que chose vaine.
     Ou vieil temps grant renom couroit
De Creséide, Yseud, Élaine
Et maintes autres qu’on nommoit
Parfaittes en beauté haultaine.
Mais, au derrain, en son demaine
La Mort les prist piteusement ;
Parquoy puis véoir clerement
Ce monde n’est que chose vaine.
     La Mort a voulu et vouldroit,
Bien le cognois, mettre sa paine
De destruire, s’elle povoit.
Liesse et Plaisance Mondaine,
Quant tant de belles dames maine
Hors du monde ; car vrayement
Sans elles, à mon jugement,
Ce monde n’est que chose vaine.


ENVOI

     Amours, pour vérité certaine,
Mort vous guerrie fellement ;
Se n’y trouvez amendement.
Ce monde n’est que chose vaine.


BALLADE L.

     Le premier jour du mois de May,
Trouvé me suis en compaignie
Qui estoit, pour dire le vray,
De gracieuseté garnie ;
Et. pour oster merencolie,
Fut ordonné qu’on choisiroit,