Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/143

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Pour y demeurer main et soir,
Et l’onnourer entierement.
Car, par son bon commandement,
Lieutenant vous veult ordonner
De son cueur, en joyeulx déport
Pensés de bien vous gouverner,
Sans departir, jusqu’à la mort.


BALLADE LXVIII.

     Belle, se ne m’osez donner
De voz doulx baisiers amoureux,
Pour paour de Dangier courroucer,
Qui tousjours est fel et crueux ;
J’en embleray bien ung ou deux ;
Mais que n’y prenez desplaisir
Et que le vueilliez consentir,
Maugré Dangier et ses conseulx.
     De ce faulx vilain aveugler.
Dieu scet se j’en suis désireux ;
Nul ne le peut aprivoiser,
Tous temps est si soupeçonneux
Qu’en penser languist doloreux
Quant il voit Plaisance venir ;
Mais elle se scet bien chevir,
Maugré Dangier et ses conseulx.
     Quant estroit la cuide garder,
Hardy Cueur, secret et eureux,
S’avecques lui scet amener
Avis Bon et Aventureux,
Desguisé soubz Maintien Honteux,
Bien pevent Dangier endormir ;
Lors PIaisance fait son desir,
Maugré Dangier et ses conseulx.