Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LA DESPARTIE D’AMOURS

En ballades.

BALLADE I.

     Quant vint à la prochaine feste
Qu’Amours tenoit son Parlement,
Je lui presentay ma requeste
Laquelle leut tresdoulcement.
Et puis me dist : « Je suy dolent
Du mal qui vous est avenu,
Mais il n’a nul recouvrement,
Quant la Mort a son cop feru.
      Eslongnez hors de vostre teste
Vostre douloreux pensement,
Monstrez vous homme non pas beste,
Faittes que, sans empeschement,
Ait en vous le gouvernement
Raison, qui souvent a pourveu
En maint meschief tressagement,
Quant la Mort a son cop feru.
      Reprenez nouvelle conqueste,
Je vous aideray tellement
Que vous trouverés Dame preste
De vous amer tresloyaument,
Qui de biens aura largement ;
D’elle serez amy tenu :
Je n’y voy autre amendement,
Quant la Mort a son cop feru. »