Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/158

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BALLADE II.

     « Helas ! sire, pardonnez moy,
Se dis je, car, toute ma vie,
Je vous asseure par ma foy,
Jamais n’auray Dame, n’amie ;
Plaisance s’est de moy partie
Qui m’a de Liesse forclos,
N’en parlez plus, je vous supplie,
Je suis bien loings de ce pourpos.
      Quant ces parolles de vous oy,
Vous m’essaiés, (ne faittes mye ;)
À vous dire vray, je le croy ;
Ou ce n’est dit qu’en moquerie.
Ce me seroit trop grant folie,
Quant demourer puis en repos,
De reprandre merencolie,
Je suis bien loings de ce pourpos.
      Acquittié me sui, comme doy,
Vers vous et vostre seigneurie.
Desormais me vueil tenir coy.
Pource, de vostre courtoisie.
Accordez moy, je vous en prie,
Ma requeste ; car à briefs mos,
De plus amer, quoy que nul dye,
Je suis bien loings de ce pourpos. »


BALLADE III.

     Amour congnu bien que j’estoye
En ce pourpos, sans changement,
Pource respondy : « Je vouldroye
Que voulsissiez faire autrement,