Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/181

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BALLADE IX.

     Dieu vueille sauver ma galée
Qu’ay chargée de marchandise
De mainte diverse pensée
En pris de Loyaulté assise ;
Destourbée ne soit, ne prise
Des robeurs, escumeurs de mer !
Vent, ne marée ne luy nuyse,
À bien aler et retourner !
     À Confort l’ay recommandée,
Qu’il en face tout à sa guise,
Et pencarte lui ay baillée
Qui d’estranges pays devise,
Affin que dedens il advise
À quel port pourra arriver,
Et le chemin à chois eslise,
À bien aler et retourner.
     Pour acquicter joye empruntée,
L’envoye, sans espargner mise,
Riche devendray, quelque année.
Se mon entente n’est surprise ;
Conscience n’auray reprise
De gaing à tort, au paraler,
En eur viengne mon entreprise,
À bien aler et retourner.


ENVOI

     Prince, se maulx Fortune atise.
Sagement s’y fault gouverner :
Le droit chemin jamais ne brise,
À bien aler et retourner.