Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/192

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En Nonchaloir resveille sommeilleux ;
C’est de mon fait une chose meslée,
Ne bien, ne mal, d’aventure menée.
     Je gaingne et pars, mescontant par sepmaine ;
Ris, Jeux, Deduiz, je ne tiens compte d’eulx ;
Espoir et Dueil me mettent hors d’alaine ;
Eur, me flatent, si m’est trop rigoreux ;
Dont vient cela que je riz et me deulz ?
Esse par sens, ou folie esprouvée ?
Ne bien, ne mal, d’aventure menée ?
     Guerdonné suis de malheureuse estraine ;
En combatant, je me rens couraigeux.
Joye et Soussy m’ont miz en leur demaine ;
Tout desconfit, me tiens au ranc des preux ;
Qui me saroit desnoer tous ses neux ?
Teste d’acier y fauldroit fort armée,
Ne bien, ne mal, d’aventure menée.


ENVOI AU PRINCE.

     Vieillesse fait me jouera telz jeux,
Perdre et gaingner, et tout par ses conseulx ;
À la faille j’ay joué ceste année.
Ne bien, ne mal, d’aventure menée.


BALLADE XX.

     Pourquoy m’as tu vendu, Jeunesse,
À grant marchié, comme pour rien,
Ès mains de ma Dame Vieillesse
Qui ne me fait gueres de bien ?
À elle peu tenu me tien,
Mais il convient que je l’endure,