Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/20

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queurs aient confondu la naissance avec le baptême qui eut lieu, deux ans plus tard, et où, en effet, entre autres solennités, Louis d’Orléans créa cet ordre du Porc-Épic dont parlait tout au long la Chronique aujourd’hui perdue, ou momentanément perdue, d’Hannotin de Clairieux, héraut dOrléans.

Nous aurions trouvé dans cette Chronique le nom de tous les personnages, familiers ou amis de la maison d’Orléans et parmi lesquels Charles avait passé son enfance. Nous pouvons supposer qu’il fut élevé au milieu des poëtes et parmi les livres. Les poëte avaient toujours joué un grand rôle dans l’éducation militaire et chevaleresque des grands barons, et les livres, au xive siècle et sous les Valois, commençaient à joindre leurs efforts à ceux des poëte-chanteurs. Cette sorte de cour d’amour qui gravitait autour de Louis d’Orléans et à laquelle nous devons le livre des Cent Ballades ne fut pas sans influence sur ce jeune esprit. Les deux grands auteurs d’alors, Eustache Deschamps et Christine de Pisan, étaient les favoris de Louis, entouré d’ailleurs de translateurs et d’escrivains tout autant que de peintres-enlumineurs, d’imagiers, d’architectes et d’orfèvres. La Bible, les Histoires anciennes, la Vie de saint Louis, le Miroir historial, les Chroniques de France, il fait tout traduire. Il achète des Ballades, des Chansons, tous les livres de poésie, de moralité et d’histoire. La collection de Joursanvault nous donne le détail de ces achats, les titres de ces ouvrages qu’on retrouvera plus tard dans la bibliothèque de Charles et signés de sa main.

C’est là, sans doute, qu’il chercha la récréation de ses yeux d’enfants, de son esprit d’adolescent. Je ne veux pas oublier de citer, à côté de toutes ces élégances des palais paternels et de toutes ces sources d’instruction, ce jardin de Saint-Marcel où son père avait rassemblé tant de plantes rares et dont la verdure et les fleurs purent fournir à son imagination poétique les éléments que nous y trouverons plus tard.

En fait, la première fois que je le vois agir, c’est en 1399 et 1400. Il est alors escuyer, et au mois de mai, en compagnie de quelques grands seigneurs, il reçoit, sslon l’usage, une houppelande des mains du roi. En 1402, les comptes des dépenses de la maison d’Orléans nous le montrent escorté d’un chapelain et d’un