Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/21

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maistre d’école. En 1403, Charles VI lui fait une pension de 12,000 livres d’or.

Je n’ai plus présente à l’esprit la date des pourparlers qui eurent lieu sur la question de le marier avec la marquise de Moravie, nièce de Wenceslas, roi des Romains. Louis d’Orléans, très-ambitieux pour son fils comme pour lui, le voyait déjà, grâce à cette union, roi de Bohême, de Hongrie et de Pologne. Ce projet fut très vague, j’imagine. Le 4 juin 1404, on le fiança avec Isabelle, fille aîné de Charles VI, veuve à dix ans du roi Richard d’Angleterre qu’elle n’avait pas connu, et revenue en France depuis le mois d’août 1401. Le mariage eut lieu le 29 juin 1406. La jeune princesse avait alors dix-sept ans, — elle était née le 13 novembre 1389, — Charles, quinze ans. « Pleuroit fort ladite Isabeau, » dit Juvénal des Ursins, qui indique en la Îirincesse un grand dépit d’avoir pour mari un enfant, e lis, dans une des notes de Gaignères qu’elle apporta à ce jeune époux 500,000 francs de dot. J’avais d’abord été tenté de trouver là quelque confusion avec les 500,000 francs de la dot que les Anglais devaient restituer et qu’ils gardèrent, en menaçant de conserver la princesse, si on ne leur permettait pas de la dépouiller. Les archives nationales, dans l’original du traité de mariage (5 juin 1406), ne parlent que de 300,000 livres. Mais je vois une lettre du 23 juin 1406, par laquelle Charles VI promet de donner en outre 200,000 livres. Quant à Louis d’Orléans, il assigna pour douaire à sa belle-fille six mille livres de rente sur la châtellenie de Crécy en Brie. Les dispenses nécessaires pour célébrer le mariage entre cousins germains avaient été accordées par Benoît XIII, à Tarascon, le 5 janvier 1405.

Nous ne savons rien de ce mariage, sinon que la pauvre princesse mourut en couches le 13 septembre 1409, laissant une fille, celle même dont la naissance lui coûtait la vie. Quelques biographes s’étonnent que Charles n’ait pas chanté son bonheur, lui qui aimait tant, disent-ils, à entretenir le public de tout ce qui le concernait et qui a tant vanté sa seconde femme, Bonne d’Armagnac Ils en concluent qu’il a été fort malheureux. Mais l’embarras même où ils sont pour deviner qui est cette beauté que le prince a chantée, démontre au contraire que s’il disait volontiers ses impressions, il racontait peu ses aventures, et qu’il