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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/236

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Que si par vous ne sont parfais,
User ma vie me fauldra
En languissant desoresmais,
Comme cil à qui, pour jamais,
Toute plaisance deffauldra.
     Et quant devers Amours je viens
Lui compter les maulx que soustiens,
En lui requérant allegeance,
Il me respond : « je n’y puis riens.
Mais va t’en au duc d’Orliens,
Que fors lui, n’en a la puissance.
Fay donc qu’ayes son accointance
Et te metz en sa bienveillance ;
Car, se tu le puis faire ainsi,
Tu ne dois point faire doubtance
Que de ta dure desplaisance
Il n’en ait voulentiers merci. »
     À vous doncques me fault venir
Et vostre du tout devenir,
Puisque vous avez ce povoir
Que de moy faire parvenir
Au plus haut bien qui avenir
Me peut jamais, à dire veoir.
Pour quoy il vous plaise savoir
Que, se vous y faictes devoir
Et voulez à mon fait entendre
Tellement que je puisse avoir
Celle qui tant me plaist à voir,
Vostre à tousjours je m’iray rendre.
     Or n’oubliez pas. Monseigneur,
Vostre treshumble serviteur ;
Mais escoutez mes dolans plains
Desquieulx je vous fais la clameur
Et vueillez, par vostre doulceur.
Que par vous ilz; soient estains,