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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/244

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De bien qu’à autruy se face,
Les autres bonnes efface,
           Et defface.
Tout est en Joye ravye,
Tout fait a joyeuse face,
           Dont la grace
De vous a bien desservye.
     Nonchaloir, de sa nature,
Lui soit fortune ou non, dure ;
L’un et l’autre tout endure,
Et prent en gré l’avanture,
Car il ne tient d’ame conte.
Joye, dueil, paix ou murmure,
Gangner, perdre sans mesure,
Soit à tort, ou par droicture,
Tout lui est ung, je vous jure
Ne lui chault s’il besse ou monte,
Ou se moindre le surmonte ;
D’un chascun à son gré compte ;
De quanque lui vient n’a honte,
Soit bien ou mal, rien n’en compte.
À tout faire s’avanture ;
Autant lui est Roi que Conte,
La cause est, comme il raconte,
Car à nulluy ne rent compte.
Et pource, la fin de conte,
Tousjours sa vie en paix dure.
     Pourquoy, servir je vous conseille
De nostre maistre Nonchaloir ;
Et bannissez, vueille ou non vueille,
Soucy, sans plus vous en chaloir ;
De lui mieulx ne povez valoir,
Mais soit hors de vostre memoire ;
Qui demande conseil doit croire.
     Je vous supply qu’il vous suffise.