Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

     Et n’a que le lit de Pensée
Pour soy reposer et gesir ;
Mais Plaisance s’en est alée,
Qui plus ne le povoit souffrir,
À paine l’a peu retenir,
S’Espoir ne feust jusques à cy ;
N’a il donc raison, sans mentir,
S’il fait requeste de Mercy ?
     Il porte le noir de Tristesse,
Pour Reconfort qu’il a perdu,
N’oncques hors des fers de Destresse
N’est party, pour mal qu’il ait eu ;
Touteffoiz vous avez bien sceu
Qu’à vous s’estoit du tout donné.
Quelque doleur qu’il ait receu.
Et vous l’avez abandonné !
     Par m’ame, c’est donner courage
À chascun de voz serviteurs
De vous laisser, s’il estoit sage,
Et querir son party ailleurs !
Car tant qu’aurez telz gouverneurs
Comme Dangier, le desloyal,
Vous n’aurez que plains et clameurs,
Car il ne fist oncques que mal.
     À mon cueur le conseilleroye
Qu’il vous laissast ; mais, par ma foy,
Jà consentir ne lui feroye,
Cat tant de son vueil j’aperçoy.
Quelque doleur qu’il ait en soy,
Qu’il est vostre par devant tous ;
Et, par mon serment, je le croy,
Qu’autre maistre n’aura que vous.
     Or regardez, n’est ce merveille
Qu’il vous aime si loyaument,
Quant toute doleur nompareille