Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/262

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Ainsi me sembloit il d’elle
Que s’amour me fust faillie,
            Departie,
            Et guerpie ;
M’eust laissié la bonne belle.
Dont ensuies grant querelle.
            Moy et elle,
Advint qu’en une chappelle
Nous nous trouvasmes tous deux,
Et je lui dis ; « Bonne et Belle,
Ne me soiez si cruelle,
Puis que nous sommes tous seulz.
Dictes moy vostre vouloir,
Ne me vueilliez decevoir,
Ne mectre à nonchaloir,
Car, vers vous n’ay rien forfait
     — Mon amy, vueilliez savoir.
Vous me feistes trop doloir ;
Ne savez vous comment il m’est ?
Vous m’avez abandonnée
            Et laissiée.
            Désolée,
            Esloingnée ;
À qui oseray je dire
Ma tresdolente pensée
            Qui grevée
M’a, et trestant mal menée
Que je vis en grant martire.
N’est riens qui me puist souffire,
            Tant ay d’ire ;
Quant ès autres vous voy rire,
Et grant joye demener.
Je ne vueil avoir nul mire
            Qui me mire,
J’ayme mieux mes jours finer. »