Aller au contenu

Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

      Et lors nous nous advisasmes,
Et l’un l’autre pardonnasmes,
Car pour obvier mains blasmes,
Il nous faillut esloingner ;
Noz amours renouvellasmes,
Et de nouvel nous jurasmes
De nous loyaument amer.
      Cecy nous dura long temps ;
On dit qu’au bout de sept ans
Revient voulentiers mal ans ;
Ainsi m’est il advenu,
Dont je vis piteusement,
            En tourment,
Las ! je suis pis que perdu.
      Elas ! trescruelle mort,
Tu me fais crier à tort
            À la mort,
            Que ma mort
Bonnement ne l’ose dire
            Mon confort,
Ma joye et mon déport.
      Or me fault passer du port,
Du royaume en l’empire,
De tout plaisir en tristesse ;
Mectre mon cuer en destresse
            Qui me blesse.
            Et ne cesse
De destruire ma jeunesse,
Puis que m’as mort ma maistresse ;
            Dont liesse
            Si me blesse
            Elas ! qu’esse.
            Qui me presse
De dire las ! que feray ?
Que diray ? où iray ?