Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/264

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            Si mourray,
Ou si de dueil creveray ?
Car je n’ay que esmay
Elas ! et ont me mectray
Jusques mes jours fineray ?
En lieu ne reposeray
Jusque là où la verray.
      Car pour ce que tant l’aymay,
Tous les jours souhaiteray
La mort qui desjà m’aprouche ;
Entre deux je ne vouldroye
Estre en lieu ont eust joye,
            Com souloye,
Car ma douleur doubleroit,
      Véoir ce qu’avoir souloye !
Elas ! car mieulx ameroye
M’en fouir où que ce soit,
Disant adieu tresdouloureux,
Adieu, adieu tous amoureux,
Adieu le plaisir de mes yeulx,
Adieu, sans plus estre joyeulx.
      Adieu le bien de tous les lieux,
Adieu le mien dessoubz les cieux,
Adieu regard tresgracieux,
J’en preing congié de cueur piteux.
Si fineray ma complainte,
Ma joye sera acteinte,
Et de douleur auray mainte
            Grant actainte
Dont il me convient languir
            Et sevir,
Car j’ay aymé, et sans fainte.
Celle qu’avoye tant crainte,
Que pour elle vueil mourir !
Sa tresbonne renommée,