Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/29

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de septembre, Charles est à Étampes. Il vient se loger à l’hôtel de l’évêque de Paris, à Gentilly, et ses gens arrivèrent jusqu’au faubourg Saint-Marcel et à la porte Bordelles. Après de nouvelles assemblées à Gien, en août et septembre, il passa le mois d’octobre à Bicêtre, auprès de son oncle le duc de Berry, et il distribua, aux officiers, aux ménestrels de son dit oncle la somme de 118 livres. Puisque nous sommes sur ces détails intimes de la vie de notre poëte — nous devrions dire de la vie de son siècle — constatons que la livrée de la bûche, c’est-à-dire le bois de chauffage destiné aux principaux serviteurs, coûtait en cette année 1410, à ce premier prince du sang royal, 2 livres 8 sous. Le quarteron de bûches en comptait 1,040, il coûtait 8 francs, ou 64 sous — le franc valant à ce moment-là 8 sous, et le chancelier d’Orléans, qui était le premier des serviteurs, avait 6 quarterons ou 48 francs de bois pour sa provision annuelle.

J’ai déjà parlé à plusieurs reprises et j’aurai maintefois encore à parler des objets et de leur valeur pécuniaire — ne fût-ce que de celle qu’on donna à notre prince quand on le mit à rançon. — Je désirerais, à chaque fois, donner l’équivalent en monnaie contemporaine. Cela est fort difficile, sinon impossible, à cause de la valeur relative qui changeait évidemment selon l’espèce des objets. On dit généralement qu’il faut multiplier par 40 les chiffres monétaires donnés au xve siècle pour avoir une idée de ce qu’ils vaudraient aujourd’hui. Cela me paraît excessif, ou plutôt je voudrais distinguer. Ainsi, pour juger la position de fortune de ces chevaliers auxquels on donnait 5 sous par jour, et qui étaient de notables personnages, je crois que ce n’est pas exagéré, tant s’en faut, que de dire qu’ils sont dans une situation analogue aux employés du gouvernement actuel dont les émoluments sont de 10 francs par jour ou 3,600 francs par an. — Ces chevaliers étaient évidemment beaucoup plus élevés en grade que nos capitaines d’infanterie. Mais quand je vois que la livre de dragées, par exemple, coûtait 10 sous, je ne puis croire qu’elle valût 20 francs de notre monnaie. Je ne veux pas trop allonger cette parenthèse, si importante qu’elle soit même dans cette biographie. C’est donc par à peu près et pour la satisfaction vague de son imagination que le lecteur peut multiplier par 40 tous les chiffres moné-