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RONDEAUX.


RONDEAU LXIII.

     Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye,
Et s’est vestu de brouderie,
De soleil luyant, cler et beau.
     Il n’y a beste, ne oyseau,
Qu’en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye.
     Riviere, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d’argent d’orfavrerie,
Chascun s’abille de nouveau :
     Le temps a laissié son manteau.



RONDEAU LXIV.

     En regardant ces belles fleurs
Que le temps nouveau d’Amours prie,
Chascune d’elle s’ajolie
Et farde de plaisans couleurs.
     Tant embasmées sont de odeurs
Qu’il n’est cueur qui ne rajeunie,
En regardant ces belles fleurs
Que le temps nouveau d’Amours prie.
     Les oyseaulx deviennent danseurs
Dessus mainte branche fleurie,
Et font joyeuse chanterie,
De contres, des chans et teneurs,
En regardant ces belles fleurs.