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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/41

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chaque année, en Angleterre, beaucoup d’argent dont le roi, les conseillers, les geôliers, leurs gens et leurs fournisseurs s’enrichissaient.

Plus tard, l’espérance put renaître, non pas seulement quand il vit qu’on délivrait (en 1427, pour 200,000 saluts d’or) le duc d’Alençon, grand chef féodal, lui aussi, qui avait été pris à Verneuil, mais Gaucourt (1428, pour 12,000 livres), puis le comte d’Eu, qui avaient été désignés, comme lui, parmi les prisonniers à garder jusqu’à la majorité d’Henri VI. Puis il pouvait deviner que dans chaque bataille ses amis songeaient à lui et cherchaient à faire des prisonniers qui pussent s’échanger contre lui, et ce fut, après la bataille de Beaugé, notamment, une des préoccupations du fidèle Cousinot et des ministres de Charles VII.

Mais s’il perdait momentanément l’espérance pour lui-même, il la conservait toujours pour son frère Jean d’Angoulême. Rymer et nos Archives nationales renferment plusieurs pilces se rapportant à ces efforts (K 64, etc., etc.). Nous avons aussi l’état des sommes qu’il lui donna de 1413 à 1436. Elles pourraient servir de point de comparaison — toute différence gardée entre l’aîné et le cadet — pour nous aider à deviner le chiffre des propres dépenses de Charles. Disons seulement qu’en 1415, par exemple, l’année même de la captivité du donataire, Jean reçut de son frère : en février, 200 livres, en avril, d’abord, 4,820 livres, puis 2,125 ; en juin, 980 livres et en un autre payement, 3,562 ; en septembre, 2,000. Il subvenait à ces dépenses, aux siennes, aux avances qu’il faisait aux autres prisonniers, grâce aux soins de son conseil institué à Blois. Il avait songé dès le 29 novembre 1415 à faire des économies, et il avait cassé aux gages ses serviteurs et officiers. Non pas tous, sans doute, car nous en voyons venir un grand nombre en Angleterre. Rymer a conservé beaucoup d’actes — j’en compte vingt jusqu’en 1433 — qui, dès le 27 novembre 1415, parlent du prisonnier, des serviteurs qui le vinrent visiter, des eU’orts qu’il fit pour se libérer et de maint détail personnel, qui permettent à l’historien de reconstituer son existence d’alors et celle de ses compagnons d’exil. Citons quelques brefs traits. C’est le Ier juin 1417 qu’on le transporte de Windsor au château de Pountfreet, sous la garde de