Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/42

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Robert Watterton qui doit le remettre au vicomte de Bedtort. Nous devinons que par ce redoublement de rigueur on veut punir le prince qui vient de refuser fort dédaigneusement de reconnaître le roi d’Angleterre pour suzerain, ce qui était, dès lors, la condition de sa délivrance. C’est à cette date qu’il faut rapporter le bruit qui indignait le Religieux de Saint-Denis et qui montrait le prince d’Orléans relégué à l’extrémité de l’Angleterre et humilié par une lâche et sournoise recherclie d’insolence : il était obligé de se contenter d’un seul serviteur français, quand les nombreux Anglais qu’il était forcé de rencontrer l’écrasaient de leur luxe. En 1419 on recommande un redoublement de surveillance, la fuite du duc, dans les circonstances actuelles, serait du plus grand préjudice. En 1423, la garde est confiée à Thomas Combworth, qui reçoit, pour l’entretien du prisonnier, 20 sous par jour. En 1432, c’est Jean Cornewaille, seigneur de Fanhope, qui est son gardien. Un an après, ce seigneur se fait donner par le prince une reconnaissance de 2,000 écus. Puis vient, de 1433 à 1440, la série des actes concernant les longs préliminaires de la délivrance. N’oublions pas pourtant que le duc de Suffolk avait offert lin rabais sur le prix de l’entretien du prisonnier et qu’on l’en avait chargé pour 14 sous 4 deniers par jour.

Nous ne relevons pas les noms de tous les visiteurs qui lui venaient de France. Que lui apprenaient-ils, et qu’avaient-ils le droit de lui apprendre et quelle étrange histoire de France ils devaient s’engager à lui narrer ? Les événements de famille, la capture de son frère, le bâtard d’Orléans (1418), la mort de son frère, le comte de Vertus (1420), le mariage de Marguerite sa sœur, avec Richard de Bretagne — mariage dont il ne fut pas content, dit Cousinot — les fiançailles et le mariage de sa fille Jeanne avec le duc d’Alençon (1421-1424) et autres incidents de cette sorte purent sans doute lui être connus assez promptement. On peut supposer aussi qu’il prenait intérêt aux voyages que faisaient ses belles tapisseries et courtines empruntées pour les noces et relevailles des princesses royales de France. Quand nous le voyons, d’un zèle qui touche notre cœur d’érudit, lutter avec son frère d’Angoulême à qui recueillera les livres de la bibliothèque du roi Charles V, pillés par Bedfort et