Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/47

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Cet âge, cette gravité, l’estime compatissante et la vénération entourant un prince qui avait tant souffert pour la France ; le grand rôle que lui, son nom, son drapeau, son parti avaient dans les chroniques, son intelligence, son état de prince du sang lui gardèrent une situation très-haute et très imposante. Nous ne le voyons mêlé et en première ligne aux plus grandes affaires. Mais, je le ripèie, je me borne à signaler les traits les plus personnels, ou les moins connus.

Il avait été délivré le 3 novembre 1440 — avec la réserve que j’ai indiquée. — La politique bourguignonne avait tant de hâte de l’attacher décidément à elle, que le 6 il est fiancé à Marie de Clèves, fille de Marie de Bourgogne et nièce de Philippe de Bourgogne. Le contrat de mariage est reçu le 6 novembre par Jean Pocholle, bourgeois de Montreuil, garde des sceaux du bailliage d’Amiens, en la ville de Montreuil. Marie apporta 100,000 saluts d’or en dot. Le mariage est célébré !e 18 à Saint-Omer. Les nouveaux époux suivent Philippe en Flandre jusqu’à Gand où on se sépare après des tendresses infinies. Charles reçoit la Toison d’or, et donne à son bel-oncle l’ordre du Camail. Maipre don d’ailleurs que Charles prodiguait et continua de prodiguer comme nous le montrent les plaintes de Alonstrelet et les comptes de la maison de Valois. — Je ne puis me retenir de citer, parmi les personnages qui le reçurent, la femme de Poton de Xaintrailles.

C’est au moment de ce troisième mariage qu’il m’est le moins difficile d’esquisser le portrait de mon héros. Un manuscrit (traduction de la Passion, Bib. Nationale, 968,) nous donne deux portraits qu’on croit être le sien et celui de Marie de Clèves. Malheureusement les couleurs en sont fort ternies. Il reste une figure maigre, sèche, une grande bouche, un nez fin, une physionomie austère. Marie de Clèves nous présente une figure longue, grave, blanche, peu attrayante. Dans l’Armorial manuscrit du Héraut Berry nous avons un autre portrait de lui un peu plus jeune. Mais c’est bien le même type, cou long, figure maigre à l’air naïf et timide, d’une vulgarité presque champêtre, nez fin légèrement retroussé, cheveux châtains, teint fort coloré. Il est là presque le seul de tous ces personnages peints dont le visage ne soit pas arrondi. La statue