Aller au contenu

Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ose à peine citer quelques-unes des notes que j’y ai prises, tant je crains de ne savoir me borner. Je ne puis pourtant résister à indiquer ces cadeaux du jour de l’an 1463, aux enfants de chœur de Saint-Sauveur de Blois, pour festoyer l’évêque qu’ils ont nommé le jour des Innocents ; à l’évêque des Fous, pour se régaler ; aux ménestrels de Blois qui viennent jouer ; aux pages pour régaler le Roi qu’ils nomment le jour des Rois, etc., etc. Disons encore que les gages ordinaires de toute la maison pour le mois de mai 1450, qui me paraît représenter une moyenne, sont de 855 livres 15 sous tournois ; les dépenses de la maison, personnelles au duc et à la duchesse, les dons, messages et voyages, au mois de février 1457, par exemple, sont de 900 livres 1 sol 3 deniers ; en avril 1456, 601 livres 8 s. 6 d. ; en novembre 1459, 786 livres 2 sols 1 denier ; en voyage pour le duc avec vingt quatre chevaux, la duchesse avec douze, pour tel seigneur ou dame de sa nourriture, ou de sa société, comme Mme d’Estampes ou le sire de Beaujeu, et une suite nombreuse, on dépense 12 livres par jour ; en juillet 1459 le duc reçoit de son argentier, pour argent de poche, 10 livres 20 sous et la duchesse 110 sous tournois.

Je ne veux pas oublier cette habitude si caractéristique et que nous indique un contemporain, Jacques du Clercq : « Il fut de belle et honneste vie (il s’agit de notre prince), et servit fort bien Dieu et ne feit oncques puis chose que bon prince ne debvoit faire. Toutes les semaines, le jour de vendredy, donnoit à treize pauvres à disner et les servoit luy mesme et après leur lavoit les pieds comme Nostre Seigneur Jésus Christ feit à ses apostres. Il mourut comme bon chrestien. » Il était devenu infirme, non pas de cette infirmité un peu coquette dont ses vers nous entretiennent depuis l’année 1437, mais l’âge lui pesait fort ; il dit en 1463 qu’il ne pouvait plus écrire, plus même signer. Il se rendit pourtant à Tours, à cette assemblée de princes et seigneurs que Louis XI avait réunis vers le milieu de décembre 1464. Charles d’Orléans voulut prendre la défense du duc de Bretagne accusé par le roi. Mais, dit le bon Claude de Seyssel, Louis XI « le contemna de paroles sans avoir regard à la majesté de sa vieillesse ni à sa loyauté. Dont, de regret qu’il en eut, et autrement pour débilité de sa