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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/562

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anglais. Il est fort tenté de supposer que la version anglaise est l’originale, elle a toute la vigueur de l’originalité, dit-il, et il jurerait volontiers que le texte français n’est qu’une mauvaise traduction.

Je suppose — ne connaissant que sommairement les manuscrits anglais — que cette édition a été donnée d’après le manuscrit sur vélin de la bibiiotlrèque Harléienne. Elle contient les poésies de la captivité, avec quelques pièces qui ne se trouvent pas dans les manuscrits français, un début différent et une suite au poème de la Prison. J’ai remarqué encore que contrairement à tous nos manuscrits qui ne redisent à la fin des rondeaux que le premier vers, la version anglaise en répète deux ou trois, c’est-à-dire autant qu’au milieu de la pièce.

Pour rendre justice à mon prédécesseur britannique, et expliquer ce qu’il y a d’excessif dans son enthousiasme de la version anglaise, je dois dire qu’il connaissait Charles d’Orléans uniquement par ce qu’en avaient publié l’abbé Sallier et Chalvet ; il était donc porté à dire que le Prince avait bien plus écrit pour les Anglais que pour les Français, et il félicitait l’Angleterre de la bonne fortune qui lui amenait un poète, pieds et poings liés, à une époque où elle n’en trouvait guère sur son sol.

En 1842 paraissent, coup sur coup, deux éditions, qui firent grand bruit, ou plutôt dont les auteurs firent grand bruit dans le royaume de l’érudition.

Poësies de Charles d’Orléans, publiées… par J. M. Guichard. Paris, Gosselin, 1842, in-12.

Les Poësies du duc Charles d’Orléans, par Aimé Champollion-Figeac. Paris, Belin-Leprieur, 1842, in-12 et in-8o.

Nous n’avons pas à entrer dans le grand détail de la querelle fort vive qui divisa les deux éditeurs, et où il semble que les questions de situation et d’influence se mêlaient à la discussion scientifique. Diverses brochures aigres et violentes suivirent la publication des poésies. Chacun des deux érudits essayait de prouver