Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/565

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l’arbitraire, que mon impression ou mon sentiment. Si j’avais eu à faire un choix, une édition classique, je me fusse cru autorisé à ce travail psychologique. J’eusse pu ranger en bel ordre les morceaux sur lesquels il n’y avait pas de doute. J’ai reculé devant la masse des pièces qu’il m’eût fallu laisser dans un chaos d’autant plus répugnant que j’eusse répandu un peu de lumière dans le voisinage.

Je me garde de blâmer ceux que ce travail philosophique tentera. Je n’y ai pas vu un intérêt scientifique suffisant, une utilité historique et un gain littéraire assez considérables pour m’autoriser, contre les conseils de tous les manuscrits, à faire cette révolution radicale. Je me suis contenté de la classification par genres, classification peu méritoire et qui ne demande pas une grande dépense de génie, mais qui est la plus sûre dans un travail d’exposition non de critique. Cette division est indiquée, du reste, à l’état rudimentaire dans les premiers manuscrits. Je me suis contenté de débrouiller le chaos là où j’avais pour me conduire quelque règle précise, comme la conformité du sujet traité. Ce travail a eu lieu surtout à propos des rondeaux où le trouble — pour des causes que révèle la diversité d’écriture du plus important manuscrit — est complet.

Je reviendrai, du reste, sur le plan — mot bien prétentieux peut-être après la confession que je viens de faire — que j’ai suivi pour cette édition.

J’ai dû la préparer sur les manuscrits puisqu’il n’existe aucune édition ancienne de ces poésies.

De tous les manuscrits que nous avons en France, on a regardé jusqu’ici comme le premier en date celui que possède la bibliothèque de Grenoble, manuscrit fort connu, souvent et très-complètement décrit, notamment par MM. Berriat Saint-Prix et Champollion-Figeac. Je ne l’ai pas vu, mais j’ai pu en avoir une copie manuscrite, écrite au xviiie siècle, revue et corrigée plus tard. M. Champollion-Figeac, qui a bâti son édition d’après ce manuscrit, a été naturellement porté à en