Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
CHARLES D’ORLÉANS.

     Lors dis : Vueilliez me pardonner,
Car je vous jure mon serment
Que conseil vous cuide donner,
À mon povoir, tresloyaument ;
Voulez vous sans allegement
En doleur finer vostre vie ?
Nennil dya, dist il, j’auray mieulx ;
Ma Dame m’a fait chiere lie ;
Ainsi m’ont raporté mes yeulx.
     Cuidez vous savoir, sans doubter,
Par un regart tant seulement.
Se dis je, du tout son penser.
Ou par un doulx acointement ?
Taisiez vous, dist il ; vraiement
Je ne croiray chose qu’on die :
Mais la serviray en tous lieux,
Car de tous biens est enrichie ;
Ainsi m’ont raporté mes yeulx.


BALLADE VII.

     De jamais n’amer par amours
J’ay aucunes fois le vouloir,
Pour les ennuieuses dolours
Qu’il me fault souvent recevoir ;
Mais en la fin, pour dire voir,
Quelque mal que doye porter,
Je vous asseure, par ma foy,
Que je n’en sauroye garder
Mon cueur qui est maistre de moy.
     Combien qu’ay eu d’estranges tours,
Mais j’ai tout mis à Non Chaloir,
Pensant de recouvrer secours