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POÈME DE LA PRISON.

De Confort ou d’un doulx Espoir.
Helas ! se j’eusse le povoir
D’aucunement hors m’en bouter,
Par le serment qu’à Amours doy,
Jamais n’y lairoye rentrer
Mon cueur qui est maistre de moy.
     Car je sçay bien que par doulçours
Amour le scet si bien avoir,
Qu’il vouldroit ainsi tous les jours
Demourer sans jà s’en mouvoir.
N’il ne veult oir ne savoir
Le mal qu’il me fait endurer ;
Plaisance l’a mis en ce ploy,
Elle fait mal de le m’oster
Mon cueur qui est maistre de moy.


ENVOI

     Il me desplaist d’en tant parler,
Mais, par le Dieu en qui je croy,
Ce fait desir de recouvrer
Mon cueur qui est maistre de moy.


BALLADE VIII.

     Quant je suis couschié en mon lit,
Je ne puis en paix reposer ;
Car toute la nuit mon cueur lit
Ou Rommant de Plaisant Penser,
Et me prie de l’escouter ;
Si ne l’ose desobéir
Pour doubte de le courroucer.
Ainsi je laisse le dormir.