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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/78

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CHARLES D’ORLÉANS.

     Ce livre si est tout escript
Des fais de ma Dame sans per ;
Souvent mon cueur de joye rit,
Quand il les list ou oyt compter ;
Car certes tant sont à louer
Qu’il y prent souverain plaisir ;
Moymesmes ne m’en puis lasser,
Ainsi je laisse le dormir.
     Se mes yeux demandent respit
Par Sommeil qui les vient grever,
Il les tense par grant despit,
Et si ne les peut surmonter ;
Il ne cesse de soupirer
À part soy ; j’ay lors, sans mentir,
Grant paine de le rapaiser,
Ainsi je laisse le dormir.


ENVOI

     Amour, je ne puis gouverner
Mon cueur ; car tant vous veult servir
Qu’il ne scet jour ne nuit cesser,
Ainsi je laisse le dormir.


BALLADE IX.

     Fresche beauté, tresriche de jeunesse,
Riant regart, trait amoureusement.
Plaisant parler, gouverné par sagesse.
Port femenin en corps bien fait et gent,
Haultain maintien, demené doulcement,
Acueil humble, plain de maniere lie,
Sans nul dangier bonne chiere faisant,