Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/88

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     Au fort, puis qu’en ce point je suy,
Je porteray ma grant penance,
Ayant vers Loyauté refuy
Où j’ay mis toute ma fiance.
Ne Dangier qui ainsi m’avance,
Quelque mal que doye porter,
Combien que trop m’a tourmenté,
Ne pourra jà en moy bouter
Le rebours de ma voulenté.


ENVOI

     D’aucun reconfort accointer
Plusieurs foys m’en suy dementé ;
Mais i’ay tousjours, au par aler,
Le rebours de ma voulenté.


BALLADE XVIII.

     Quant je party derrainement
De ma souveraine sans per,
Que Dieu gard et lui doint briefment
Joye de son loyal penser.
Mon cueur lui laissay emporter.
Oncques puis ne le peuz ravoir,
Si m’esmerveille, main et soir,
Comment j’ai vesqu tant de jours
Depuis sans cueur ; mais pour tout voir,
Ce n’est que miracle d’Amours,
     Qui est cellui qui longuement
Peut vivre sans cueur, ou durer
Comme j’ay fait en grief tourment ?
Certes nul, je m’en puis vanter.