Page:Charles de Brosses - Lettres familières écrites d’Italie - ed Poulet-Malassis 1858.djvu/115

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■de Gênes viennent se mettre à genoux devant celui-ci ! Il -est plein d'une quantité infinie de tableaux ^}ue je vis fort rapidement, parce qu'il éioit tard. Seulement il y a un enlèvement de Ganymède, par le Tintoret.dans un plafond ; et un Amour, d'Annibal Carrache, dans la ruelle du lit ; qui sont : deux morceaux de distinction.


La cathédrale est d'une architecture très-noble en •dedans, à quatre rangs de colonnes corinthiennes et deux rangs de pilastres de même, du dessin de Jules Romain. Les fresques et plafond du chœur, derrière l'autel, sont ce que j'ai vu en ce genre, jusqu'à présenf, de mieux colorié. Il me semble qu'il y a une assez bonne chapelle à la croisée de la gauche, et au chapitre une Tentation de saint Antoine, par Paul Veronese, avec deux batailles, <le Campi. À Saint-Christophe, ce gros bonhomme de saint, par Jules Romain. À Saint-Sébastien, la figure du maître de la maison, assez bonne, et une Multiplication ■des pains, de l'école du Veronese.


Le palais du duc de Mantoue est si peu de chose, quant au bâtiment, qu'on ne vuudroitpasle prendre pour une maison de marchand ; mais les logements sont fort vastes. Celui de la duchesse est tout démeublé, et non celui du duc, qui sert au gouverneur de l'empereur, quand il y en a un. Au reste, on n'a, à vrai dire, laissé là que ce que l'on n'a pas pu emporter. Toutes les curio- sités dont les cabinets étoient remplis ont été enlevées ; mais il reste dans l'appartement d'excellentes peintures ; savoir : à la première pièce, six grands morceaux, de Palma le vieux, et sur la cheminée, le Festin chez le pharisien, par le Titien, l'un de ses plus beaux tableaux pour le coloris ; à la seconde, les noces de Persée et d'Andromède, par Palma le vieux. Quatre rideaux de ve- lours, par leTintoret, fort curieux. Deux philosophes du Titien, excellents. Une Suzanne de Lorio, bon ; quatre grandes et admirables pièces, de Jules Romain, formant Ja frise. Dans la troisième, cinq grands morceaux du Tintoret ; deux du Guerchin ; la frise en quatre pièces, de Jules Romain, peintes sur cuivre. Dans la quatrième, la chute des géants, par Palma, et une bataille, par Campi. Dans la galerie, le plafond et la frise, de Jules Romain, deux bas-reliefs sur les portes : c'est ce qu'il y a de plus beau dans la maison. À la chapelle, dont la façade est