Page:Charles de Brosses - Lettres familières écrites d’Italie - ed Poulet-Malassis 1858.djvu/212

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contre l’intention des fondateurs. Il est ouvert par trois portes de bronze, sur lesquelles sont moulées on petits cadres les histoires du Vieux Testament. On prétend encore que Michel-Ange les jugeoit dignes d’être les portes du paradis ; mais ce n’est pas la seule sottise qu’on lui fasse dire (1). Quoiqu’il en soit, si ceux qui les admirent tant avoient vu les portes du châtean de Maisons, près Saint-Germain, je crois qu’ils feroient de belles exclamations. Sur chacune de ces trois portos sont trois statues. Saint Jean disputant avec un docteur et un pharisien, assez bon ; la Décollation de saint Jean, belle ; le Baptême de Jésus-Christ, assez méchant. Je suis fâché que ce soit le Sansovino qui l’ait fait, car il est de mes amis.


Le dedans de l’édifice est soutenu par seize colonnes de granit, et comblé par un dôme peint en mosaïque, à fond d’or, par Tafî, très-ancien peintre. L’ouvrage est un peu moins méchant que le dôme de Saint-Marc, à Venise, c’est-à-dire qu’il n’est qu’archi-détestable. Au-dessus du grand autel est un Saint Jean porté au ciel par des anges, groupe assez médiocre ; mais les douze Apôtres, qui sont dans le tour de la rotonde, sont de bonnes mains. Il y a une Madelaine en bois, par Donatello, grandement prisée, qui est tellement sèche, noire, échevelée et effroyable, qu’elle m’a pour toujours dégoûté de la pénitence.


À l’autre bout de la rue, vis-à-vis, se trouve la petite église des Jésuites, qui a un assez joli portail de la façon d’Ammanato ; elle est assez propre en dedans. J’y ai trouvé deux bons tableaux, l’un de la Prédication de saint François-Xavier, l’autre de la Cananéenne, par le Bronzino, dont l’expression est excellente, mais le coloris fort négligé ; défaut presque général chez les peintres florentins.


Pour me débarrasser tout de suite des églises, les principahs, après le Dôme, sont l’Annonciade, dans une place bâtie régulièrement à portiqueig, de trois côtés. En

(I) Les porles de bronze du Bnllislerio sont au nombre de quatre. La plus ancienne est d’Andréa de Pise, contemporain de Glotto, et les trois autres, auxquelles s’applique le mot deI\licliel-Anue,de Lorenzo Gbiberti. Vasari a donné, dans la bioffrapbie de Gbiberti, l’explication des soixante sujets traités dans ces trois portes auxquelles Gbiberti travailla quarante ans de sa vie, comme sculpteur, ciseleur et fondeur.