Page:Charles de Brosses - Lettres familières écrites d’Italie - ed Poulet-Malassis 1858.djvu/225

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aux officiers qui l’accompagnoient dans un voyage : il est presque impossible de le lire. Je crois que ces feuilles appartiennent à un manuscrit tout pareil à l’un de ceux que j’ai vus à la bibliothèque de Genève, et qui a été déchiffré par le jeune Cramer, homme de beaucoup d’esprit et grand mathématicien. Quantité de bronzes ; un cabinet en architecture de pierres précieuses, toutes d’une pièce, orné de bas-reliefs d’or sur un fond d’agates. Un autre petit cabinet fait en médailler, contenant des cadres, sur chacun desquels sont cinq petits tableaux à bordures d’argent. Ce cabinet servoit au cardinal de Médicis, qui le faisoit porter partout où il voyageoit, et en un moment il avoit sa chambre tendue en tableaux.


Dans le sixième ; environ cent quarante portraits (1) de peintres faits par eux-mêmes. Il manque là beaucoup de portraits de peintres fameux qui sont communs ailleurs ; mais l’on n’a voulu y placer que ceux qui ont été peints par la personne même qu’ils représentoient.


Dans le septième, qui est l’arsenal, toutes sortes d’armures antiques, modernes et orientales, d’une richesse et d’un choix surprenants. Je passe légèrement là-dessus, pour ne rapporter que le gros mousquet dont le canon est tout d’or.


Dans le huitième, environ quinze mille médailles de toutes sortes d’espèces, grandeurs et métaux, parmi lesquelles j’ai vu deux Othon de cuivre moyen-bronze ; car c’est une erreur de croire qu’il n’y en a point. Item, plusieurs milliers de camaïeux en relief, ou de pierres gravées d’un travail achevé pour la plupart ; vous êtes à portée d’en juger, elles sont gravées dans votre Musœum Florentinum.


Dans le neuvième enfin, que l’on appelle la Tribune octogone, on a réuni tout ce qu’il y avoit de plus précieux. La première chose qui frappe en entrant, sont les six célèbres statues grecques, savoir : les Lutteurs, le Rémouleur qui écoute la conjuration de Catilina (2), la

(I ) Cette colleclioii, la plus complète de ce genre, a été continuée depuis De Brosses et s’accroît encore de nos jours 5 elle compte aujourd’hui près de quatre cents portraits.


(2) On reconnaît aujourd’hui dans cette statue le Scythe chargé d’écorcher Marsyas.