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HISTOIRE

Sumitanda, prince d’Omura, mourut après une longue maladie qui acheva de le purifier et donna un nouveau lustre à ses vertus. Il passa ses derniers instants entre son confesseur et quelques autres missionnaires dont les pieux discours remplissaient son âme de confiance et lui faisaient verser d’abondantes larmes. Civan, ancien roi de Bungo, ne lui survécut que de quatorze jours. Dans le peu de temps que ce prince avait été chrétien, il était parvenu à un degré de perfection si sublime, qu’il était également l’admiration des fidèles et des idolâtres. Il posséda toutes les vertus qui font les plus grands saints ; ses austérités étaient extrêmes, son oraison perpétuelle ; il avait une dévotion tendre et solide envers la reine des anges, et son inébranlable constance dans l’adversité lui a mérité une place distinguée parmi les héros du christianisme. Sa mort fut précieuse devant Dieu, comme l’est celle de tous les saints, et les merveilles qui ont rendu son tombeau glorieux ont fait penser à le placer sur les autels ; mais la situation où le Bungo a presque toujours été depuis, a sans doute empêché que cette affaire ne fût suivie.

La perte irréparable que venait de faire l’Église du Japon fut d’autant plus sensible aux missionnaires, qu’ils avaient tout à craindre et peu à es-