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DU JAPON.

pérer de l’empereur. En effet, quoique ce prince semblât les combler de faveurs, ils étaient loin d’avoir confiance dans ses sentiments à leur égard, et leurs tristes pressentiments ne se réalisèrent que trop tôt. Le 25 juillet 1587, Cambacondono signa un édit qui ordonnait le bannissement des missionnaires, et il le fit signifier au P. Cuello. Quelques heures auparavant, il s’entretenait encore familièrement avec ce Père, et jamais il n’avait semblé mieux disposé en faveur de la religion. Il est vrai qu’il avait passé la nuit dans une orgie où ses compagnons de débauche l’avaient excité contre les chrétiens ; en même temps, un ancien bonze qui remplissait auprès de lui les honteuses fonctions de ministre de ses plaisirs dissolus, arrivait du royaume d’Arima, où les femmes chrétiennes avaient toutes résisté à ses séductions, et où même il avait été accueilli de telle manière, qu’il s’estimait heureux d’en être sorti avec la vie sauve ; cet homme infâme, voyant l’empereur disposé à l’entendre, vomit toute espèce de calomnies contre les prêtres chrétiens, qui, dit-il, faisaient autant de rebelles qu’ils convertissaient de sujets de l’empire. Avant la fin de la nuit, les seigneurs idolâtres obtinrent plus qu’ils n’avaient osé espérer, et la destruction du christianisme au Japon fut résolue.