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HISTOIRE

Le premier coup de foudre tomba sur Ucondono, à qui l’empereur ordonna de choisir immédiatement entre l’abjuration du christianisme ou l’exil. Ce seigneur n’hésita pas un moment, et dit qu’il préférerait même la mort à l’abandon de ses croyances. Ucondono était à la tête de l’armée qui l’adorait ; ses officiers, qui lui étaient tous dévoués, se présentèrent à lui avec leurs cheveux coupés, ce qui est la plus grande marque de désespoir, et s’offrirent à le suivre en exil ou à le seconder dans une résistance ouverte. Mais Ucondono était aussi incapable de se révolter qu’il aurait été en état de soutenir la révolte, et, s’apercevant de la rumeur séditieuse qui se répandait parmi les soldats, il précipita son départ.

En même temps des courriers furent envoyés au P. Cuello pour lui signifier la sentence de bannissement, avec ordre d’assembler au plus tôt tous ses religieux à Firando, et de s’embarquer avec eux pour les Indes dans six mois. Le jour même il ordonna d’abattre toutes les croix et les églises des chrétiens, et il menaça les chrétiens de les obliger, sous peine de mort ou d’exil, à renoncer à l’Évangile, menace qu’il n’effectua pourtant jamais. Il ajoutait que les missionnaires auraient vingt jours pour se rendre à Firando, mais qu’après cette époque, tous ceux qui seraient décou-