Page:Charlevoix - Histoire et description du Japon.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
HISTOIRE

à mort, et de leur faire souffrir de sa propre main tout ce que pouvait lui suggérer la plus capricieuse et la plus féroce barbarie.

Tayco-Sama, voulant cacher à son neveu ses dispositions hostiles, lui manda qu’il voulait lui abandonner le trône tout entier, et qu’en cette circonstance il voulait, suivant l’usage, lui faire une visite solennelle. Des préparatifs immenses furent faits pour cette cérémonie qui s’accomplit avec une pompe prodigieuse. Le jeune prince ne se dissimula pas cependant les dangers qui le menaçaient, et il chercha à s’assurer de la fidélité des seigneurs sur lesquels il croyait pouvoir compter. Ceux-ci allèrent le dénoncer à l’empereur, qui manda aussitôt son neveu auprès de lui. Cambacondono refusa d’obéir, mais son oncle ayant réuni promptement des forces imposantes, il fut obligé de se rendre dans un couvent qui lui avait été assigné pour lieu d’exil. Peu de jours après, il reçut un écrit signé de la main de son oncle, qui lui ordonnait, à lui et à ses pages, de se fendre le ventre. Celui qui était chargé de faire exécuter cette sentence avait ordre de couper la tête à tous, après qu’ils auraient expiré, et d’apporter ces tristes trophées à l’empereur ; un des pages de Cambacondono, âgé seulement de dix-neuf ans, rendit ce service à