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DU JAPON.

son maître et à ses compagnons, après quoi il se fendille ventre en croix, et l’envoyé lui coupa la tête avec un sabre que l’empereur lui avait mis en main pour cette exécution. Dans le désir de faire disparaître tout ce qui pouvait rappeler son neveu, Tayco-Sama fit décapiter les confidents de Cambacondono, ses femmes et ses enfants ; il fit, en outre, raser les palais et les autres édifices que ce prince avait fait bâtir à Méaco et ailleurs.

Ces sanglantes exécutions avaient rendu l’empereur farouche et irritable à l’excès ; cependant les missionnaires voyaient, grâce aux sages précautions qu’ils prenaient, le royaume de Jésus-Christ s’étendre tous les jours ; le gouverneur de Nangazaqui lui-même avait embrassé la vraie foi ; jamais le christianisme n’avait été plus florissant dans cette contrée. Tant d’heureux succès ne purent pourtant engager les Pères de Saint-François à imiter une conduite que Dieu bénissait si visiblement. Il y eut plus ; ils pensèrent et dirent que c’étaient les Jésuites qui les avaient fait exiler de Nangazaqui ; ce bruit commença à faire naître parmi les fidèles une espèce de schisme dont les suiies furent très-funestes. Le mal croissant tous l’s jours, on crut devoir signifier aux Pères de Saint-François la bulle de Grégoire XIII, qui jhargeail exclusivement les Jésuites d’exercer le