Page:Charlevoix - Histoire et description du Japon.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
232
HISTOIRE

On fit monter tous les confesseurs dans les charrettes qui parcoururent la ville au milieu d’un silence qui n’était troublé que par les sanglots de quelques-uns des assistants et par les cantiques des confesseurs. En arrivant sur une place, les condamnés trouvèrent des croix dressées au milieu de grands amas de bois. Leur joie augmenta à cette vue, et bientôt, le feu ayant été mis de tous les côtés, on les vit au milieu de cette fournaise ardente où ils semblaient goûter d’avance les délices du paradis.

(1620) Cependant le malheureux Sanche, prince d’Omura, était mort sans donner le moindre signe de repentir. Le prince Barthélemi, son fils et son successeur, donna bientôt une nouvelle preuve qu’on ne peut servir deux maîtres à la fois : le désir de se concilier les bonnes grâces de l’empereur le détermina à abjurer publiquement le christianisme. Il unit ensuite ses efforts à ceux de tous les princes qui persécutaient sans pitié et sans relâche les chrétiens. Il avait encore les mains teintes de leur sang lorsqu’il fut cité au tribunal du souverain juge, car il mourut cette même année. Avec lui s’éteignit la race du premier prince chrétien du Japon, race dont les chefs avaient bien dégénéré de la vertu de l’illustre Sumitanda.