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DU JAPON.

ne leur porta pas bonheur, car le premier fut exilé, et peu après condamné à mort, sous l’accusation d’infidélité envers l’empereur. Un prêtre japonnais, nommé Antoine Toan, qui avait fait ses études à Rome, ayant été mis en prison, ne put résister à la terreur des supplices ; il apostasia aussi, et ses dénonciations devinrent fatales à plusieurs missionnaires et à un grand nombre de chrétiens.

(1619) On avait arrêté à Firoxima deux hommes qu’on ne connaissait point pour ce qu’ils étaient, et que peu de gens de cette contrée savaient être deux des plus illustres ouvriers qu’eût alors la chrétienté du Japon. C’étaient le P. Antoine Iscida Pinto et Léonard Kimura, tous deux Jésuites japonnais. Ils ne furent pas plutôt arrêtés, qu’ils déclarèrent qui ils étaient. Ils eurent bientôt converti leur prison en maison de prières, et y firent un grand nombre de conversions. Le premier fut brûlé vif à Firoxima, et le second fut décapité à Nangazaqui.

L’empereur, étant venu à Méaco, apprit qu’il y avait cinquante chrétiens dans les prisons ; il ordonna sur-le-champ que, sans aucune distinction d’âge ni de sexe, ils fussent tous brûlés, et il ne voulut pas même différer le supplice d’une dame de qualité qui était près d’accoucher.